La Bataille aux Bois des Caures

C’est le 22 février 1916, en assurant la défense aux bois des Caures, que le colonel Driant fut tué.

Résumé des événements précédents :

Le bois des Caures est occupé par les chasseurs de Driant. La défense de ce bois est l’un des plus magnifiques faits d’armes de la bataille de Verdun.

« De trois cotés, l’ennemi attaque … Le réseau de fil de fer, détruit à moitié, n’empêche pas les assaillants d’arriver jusqu’au parapet de la tranchée. On se bat d’abord à coups de fusil, puis la lutte continue à la grenade et enfin, à la baïonnette et à coups de crosses »

L’ennemi est maître de toute la partie sud du bois Carré et les défenseurs qui tenaient en échec les colonnes d’assaut sont pris à revers.

L’avance des Allemands a été aidé par les brassards que portaient des troupes d’assaillants sans armes, lesquels avaient, par surcroît, des capotes grises assez semblabes aux capotes françaises. Le moment venu, ces « brancardiers » savaient trouver les armes dont ils avaient besoin et se changer en combattant.

En cette journée du 21, la poussée a été violente, certes, les pertes cruelles, mais les kilométres escomptés, c’est une bande de quelques centaines de mètres qui tombe au pouvoir de l’ennemi.

Dès 8 heures du soir, une vingtaine de volontaires se lance à l’assaut de S7. La surprise des allemands les fait fuir. D’autres soldats français progresse et reconquère une partie du terrain perdue. Les français se battaient à un contre trois et certaines fois à un contre vingt.

Sous la neige qui tombe, la nuit du 21 au 22 s’est passé à resserrer nos réserves.

« En suivant le boyau d’Haumont, nous sommes pris d’enfilade par les obus allemands. Ce boyau est rempli de cadavres à diférents endroits. Des mourants sont là, dans la boue, râlant, nous demandant à boire ou nous suppliant de les achever. LA neige continue à tomber, l’artillerie nous cause à chaque tirs des pertes. Quand nous arrivons à l’ouvrage B, il ne reste plus que 17 hommes sur les 39 au départ. »

A 4h40, le 22, le bombardement s’amplifie, achevant de combler les tranchées, semant la mort. Pendant la nuit, les Allemands ont reussi à s’emparer de nouveaux éléments de tranchées, les nôtres, trop peu nombreux, n’ont pu se porter sur tous les points menacés.

La lutte a repris dès la fin des bombardements. De même que ce bombardement a été particulièrement violent sur le bois, l’attaque va être, elle aussi violente et menée non seulement de front, mais sur les deux fronts.

S6, S7 et S8 sont entourés et attaqués au lance-flammes et à la grenade, tous ces postes tombent et permettent à l’ennemi de prendre à revers l’ouvrage R1. C’est à R2 que le colonel Driant se tient.

Vers 15 heures, une formidable ruée se produit sur R3. Dans les tranchées qui entourent R2, le colonel Driant se tient avec huit sections, environ 120 chasseurs. Chasseurs, pionniers, télégraphistes, agents de liaison, cuisiniers, plantons, artilleurs et mitrailleurs, tout le monde est en ligne.

« Les shrapnells éclatent toujours au-dessus de nos têtes et la fusillade est très forte en première ligne. Des soldats allemands apparaissent de plus en plus nombreux.

Nous continuons toujours de tirer, chaque appartition disparait sous nos feux. Nous tenons toujours, mais nos rangs commencent à s’éclaircir.

Un obus qui nous vient de l’arrière éclate au dessus de nos têtes, puis un autre … Nous croyons que ce sont nos canons qui tirent trop court. Mais bientôt, voici des mitrailleurs qui s’adresse au colonel, l’informant qu’une pièce de 77 allemande est installée sur la route de Ville.

Le colonel Driant, sans manifester le moindre étonnement, leur dit :

– Mes amis, c’est bien simple, vous allez mettre votre pièce en batterie juste devant la route et je ne donne pas une minute à ces artilleurs. »

La mitrailleuse, bientôt en place, ne résiste pas à un obus du 77. Il est 16 heures, et le colonel Driant ordonne la retraite mais il ne marque pas grand’hâte à quitter le bois.

« Je venais de me laisser tomber dans un trou d’obus, lorsqu’un sergent qui accompagnait le colonel Driant et le précédait d’un pas ou deux se laissa tomber dans le même trou que moi.

Après l’avoir vu sauter dans le trou, j’ai vu nettement le colonel Driant sur le rebord même de ce trou d’obus faire le geste d’étendre les bras en disant : « Oh ! là, mon Dieu », puis faire un demi-tour sur lui-mêmeet s’affaisser en arrière, face au bois.

De l’intérieur de notre trou, son corps allongé ne nous était plus visible à cause des terres rejetées tout autour. Nous nous efforçames de dégager la terre à l’aide de nos mains. Dès qu’une ouverture fut suffisante, nous avons pu voir le colonel.

Il ne donnait plus signe de vie, le sang lui coulait d’une blessure à la tête. A ce moment, il devait être 16h30. »

Le XVIII é corps d’Armée allemande, avait reçu l’ordre d’enlever à tout prix le bois des Caures. Aidé de deux corps voisins, c’est trois corps d’armée qu’il fallut pour venir à bout de deux bataillons de chasseurs de Driant au Bois des Caures.