Le Repérage par le son

Le soldat Daussy du 45 RIT

 

Le repérage par le son qui devait nous aider si puissamment dans notre lutte contre l’artillerie ennemie, fut inventé devant Verdun par un soldat du 45 territorial qui devait finir sa carrière comme Lieutenant d’artillerie : Ferdinand Daussy.

 

Ferdinand Daussy recevait, avec ses compagnons du 45 RIT, le baptême du feu au bois Bourrus, le 8 septembre 1914. Il dut rester sous les obus pendant plusieurs heures et, au cours de ces bombardements, il fut surpris d’une manifestation commune à tous les occupants de la tranchées, lesquels indiquaient par un geste spontané, simultané, l’instant où la pièce allemande du bois des Forges tirait un obus sur eux ;l’obus arrivait quelques secondes après avoir été signalé son départ. Ce geste automatique fut une révélation pour Daussy.

Après avoir fait partie de la défense mobile de Verdun, le bataillon du 45 auquel il appartenait fut affecté, en octobre 1914, à la division de marche de Haudiomont. Cette division de marche, sans numéro, sans matériel propre, devait pratiquer le système « D » à outrance. Daussy y échoua comme chef de poste téléphonique de l’état major de la division de marche.

Debout jour et nuit, travaillant pour les officiers d’artillerie, transmettant les ordres de tir, de garde la nuit à l’observatoire  du général, il devient rapidement familier avec toutes les questions de tir.

Les batteries allemandes du plateau d’Herbeville, invisibles, nous causaient de lourdes pertes. Préoccupé de cette situation, Daussy employait tous ses loisirs à mettre au point l’idée qui avait jailli en lui au bois Bourrus. Au 1 er janvier 1915, il fit une première proposition de repérage par le son qui recueillit l’assentiment du général de Morlaincourt, commandant la division, et de l’etat major, et fut transmise au gouvernement de Verdun.

Aucuné réponse n’étant parvenue trois semaines après, le général fit savoir à Daussy son intention d’envoyer auprès du gouverneur afin de défendre son idée. Daussy demanda une semaine de délai pour proposer une nouvelle solution pus générale que la première. Cette nouvelle proposition, mise au point le 1 er février 1915, fut transmise au gouverneur de Verdun et recueillit l’approbation unanime. Daussy fut envoyé à Verdun le 5 février pour réaliser son invention.

Les permissions étant interdites, il fut impossible à l’inventeur de quitter Verdun pour s’approvisionner des matériaux qui lui étaient nécessaires. Il en fut réduit à construire avec du bois un appareil de mesure inscrivant le 1/100 é de seconde. Il acheta un phonographe pour avoir le moteur entrainant l’appareil enregistreur. Pour papier d’enregistrement, il prit du papier d’emballage à l’hyposulfite. Il dut naturellement construire un pendule électrique. Le proviseur du collège de Verdun lui fit cadeau d’un diapason. Ce diapason, entretenu électriquement, donna le 1/100 é de seconde.

On devine par ces quelques détails les difficultés qu’il fallut surmonter pour arriver à des résultats.

La première méthode exposée par l’inventeur le 1er janvier, donna naissance à la fin de la guerre au sitmètre Perrin, destiné à repérer les avions de jour et de nuit. M. Perrin membre de l’institut, fit breveter en 1920 l’idée émise le 1 er janvier 1915 par Daussy, comme le témoigne un certificat du général de Morlaincourt. Ajoutons, pour être juste, que le système Perrin était le meilleur appareil de repérage pour avions.

La deuxième méthode exposée par Daussy le 1 er février 1915, a donné naissance à la méthode réglementaire actuelle qui a permis de repérer la « Bertha » une minute après le départ du coup de canon et prévenir Paris à temps avant l’arrivée de l’obus.

 

C’est également avec cette méthode que Daussy a pu repérer en juin 1915, dans le secteur de Douaumont, des mortiers allemands placés derrière les Jumelles d’Ornes et qui décimaient le cantonnement de Douaumont pendant un brouillard intense qui avait rendu aveugles et muets les nombreux observateurs du secteur. Ce repérage avait été demandé à Daussy par la division.

On lit en batterie sur le point indiqué par Daussy et les mortiers s’arrêtèrent de tirer dès les premiers coups lancés.

Il y a lieu pour être complet, d’ajouter qu’un des compagnons de Daussy, le canonnier Moinet Gabriel, a mis à la disposition de l’inventeur, pendant les travaux, toutes ses qualités réalisatrices d’ingénieur distingué.


 

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